Doctor Strange
Doctor Strange, ou Docteur Strange dans sa version québécoise, raconte l’histoire du docteur Stephen Strange, personnage adapté des comics éponymes, qui à la suite d’un accident de voiture perd le plein contrôle de ses mains. Privé de la dextérité qui faisait sa fierté, il sombre progressivement dans la dépression à mesure qu’il voit ses chances de manier à nouveau un scalpel s’amenuiser.
À court d’option, il tente tout de même un ultime voyage au Népal à la recherche du Kamar-Taj, une version « Hong Kong Fou Fou » de Lourdes où les miracles de guérison seraient aussi courants que les sorties de films Marvel. Notre héros trouve le fameux temple avec une diligence bien à-propos et fait la connaissance de « l’Ancien », le Dumbledore local, qui lui apprend l’existence de la magie. Notre héros s’inscrit donc pour un petit master 60 des familles en mysticisme (il est déjà docteur, faut-il le rappeler) et commence dès le lendemain les cours.
Quelques ellipses et astuces scénaristiques plus tard, nous retrouvons le docteur Strange -devenu un vrai petit magicien- en plein combat singulier contre le méchant Kaecilius ; précédant disciple de l’Ancien ayant basculé du côté obscur de la force. Heureusement, notre bon docteur est là et il connaît les premiers secours ; il met donc ce dernier en PLS à grand renfort d’artefacts en scénarium. Mais comme on n’est qu’à la moitié du film, l’antagoniste parvient à s’enfuir pour poursuivre son plan sardonique.
La suite du film consiste en une série de duels de sorciers entre les gentils et les méchants pour savoir qui c’est qu’a les meilleurs effets spéciaux à la « Inception » mais je vous laisse la surprise de découvrir qui gagne à la fin.
Le film, bien qu’adoptant un style plus original que les autres productions Marvel, reste convenu sur le fond et toujours prévisible. Il est réalisé par Stott Derrickson, un réalisateur spécialisé dans le film d’épouvante ; il a notamment réalisé le cinquième opus de la saga Hellraiser et a plus récemment écrit et produit Sinister II qui a rapporté 52 millions de dollars pour un budget initiale de 10 millions. Un succès commercial qui justifie sans doute le dévolu que lui ont porté les studios Marvel. Il nous livre ici cependant un film à deux vitesses où s’alternent des passages à la mise en scène d’une sobriété académique à d’autres complétement hallucinés qui vous donneront un bon aperçu de ce à quoi un bon trip dans une fumerie d’opium illégal du Népal doit ressembler.
Il faut, en effet, reconnaître au film une identité visuelle très forte. Que ce soit pour ses décors d’intérieurs, pour le coup franchement dépaysant, ou encore pour les scènes en images de synthèse qui vous colleront à votre siège.
A noter aussi un casting « on point » comme disent nos amis outre-Atlantique. Benedict Cumberbatch incarne un docteur Strange convaincant, il parvient à rendre crédible et cohérent un personnage aux (trop ?) nombreuses facettes : tantôt turpide, tantôt affable, il ne cessera de vous étonner ! Pas comme le choix de Mads Mikkelsen pour jouer le rôle du Kaecilius ; après tout, Mads n’est-il pas né pour les méchants ? Un petit bémol cependant dans ce casting AAA (je n’ai pas parlé de Chiwetel Ejiofor ou même de Rachel McAdams, tous deux au top du top), la présence de Tilda Swinton dans le rôle de l’Ancien. En effet, le personnage était originalement Tibétain mais par la magie du White Washing, le voilà devenu caucasien. Dommage quand on sait qu’Hollywood regorge de talentueux acteurs typés asiatiques.
En résumé, Doctor Strange est une production aux petits oignons qui fera sûrement plaisir aux fans de comics (dont je ne fais pas partie) mais qui décevra les afficionados du 7ème art pour la pauvreté et la trivialité de son intrigue.