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L'écume des jours, du livre au film.

Tout a commencé un beau jour de blocus en décembre alors que je cherchais déséspérément un film à regarder; tendre mais sans tomber dans l'histoire à l'eau de rose. Finalement, je pense à Audrey Tautou qui m'avait beaucoup plue aux côtés de François Damiens dans "La Délicatesse". Après une rapide recherche, je tombe finalement sur "L'écume des jours", adaptation récente (2013) du roman de Boris Vian, réalisé par Michel Gondry, avec en prime Romain Duris dans le rôle principal.

Pour ceux qui n'auraient pas eu la chance de le lire, le livre raconte l'histoire de Colin, propriétaire d'une fortune suffisante pour vivre convenablement et habitant avec son cuisinier, Nicolas. Son meilleur ami Chick, grand fan de Jean Sol Partre débute une relation avec Alise, la cousine de Nicolas. Colin, jaloux, veut lui aussi connaître l'amour. Survient alors la rencontre avec la belle Chloé. Les deux se marient mais très vite, Chloé attrape un nénuphar au poumon... Ayant gardé un souvenir inoubliable de ce roman et curieux de voir celui-ci adapté à l'écran, tant le roman est riche en images surréalistes, jeux de mots divers et situations absurdes, je lance par conséquent le film.

À première vue, le reste du casting a de quoi effrayer : en quelques minutes nous apparaissent à l'écran Alain Chabat, Omar Sy, ainsi que Gad Elmaleh. Fort heureusement, Alain Chabat n'a qu'un rôle de silhouette et disparaît bien vite; le jeu d'Omar Sy se laisse apprivoiser et Gad Elmaleh, tout en sobriété, rend à merveille le personnage de Chick.

Continuons sur les bonnes notes du film : côté musique, on ne sera en effet pas en reste ! Boris Vian ayant été un grand amateur de jazz et un admirateur de Duke Ellington, le film s'ouvre sur l'excellent "Take the A Train". Tout au long du film, nous serons également berçés par la chanson "Chloé" qui donne son au personnage de... Chloé (surprise !).

Après la magie initiale du film, on se rend pourtant compte très vite du défaut majeur qui sous-tend tout le film... la débauche débauchée de procédés techniques ! Matraqué par les effets visuels de part en part, on se retrouve vite écoeuré. Même si l'on sent bien la volonté de vouloir rendre un univers décalé et coloré, le résultat produit est exactement inverse : à force de vouloir nous en mettre plein la vue, les techniques disparates servies à toutes les sauces font s'écrouler le monde merveilleux. Pire encore, le jeu des acteurs se retrouve complètement noyé et ils ne restent à ceux-ci que peu de place pour s'exprimer. Difficile dans ces conditions de s'attacher aux personnages.

Un autre gros problème du film est qu'il nous met mal à l'aise par ses maladresses tant les images surréalistes frisent le ridicule dans certaines scènes. Comme exemple parlant, nous pouvons prendre le passage où Colin se marie avec Chloé. J'attendais la scène du "chuiche" et du "bedon" avec impatience mais je ne m'attendais du tout au festival fouloque qui allait se dérouler à l'écran... Dans l'ordre de leur apparition : course stupide dans des voiturettes ; prêtre qui s'enfuit dans un robot de fer géant placé au milieu de l'église ; robot piloté par un africain qui parle Anglais qui s'envole telle une fusée ; prêtre qui se parachute au milieu de l'église ; et pour finir en beauté, un choeur d'enfants dont les cheveux prennent feu... bref, un florilège de grand n'importe quoi. Pour un autre exemple de scènes flirtant avec la limite du bon goût, il suffit de regarder les séquences de danse (le "biglemoi") ou encore celles se déroulant à la patinoire. Un seul mot (allemand) pour résumer la situation : fremdschämen, ou le fait d'avoir honte pour quelqu'un d'autre.

Alors, me direz-vous, tout est-il donc à jeter dans ce film ? Eh bien, pour vous répondre sincèrement, une fois passée les deux tiers du film, la rédemption s'installe lentement et sûrement. En effet, bien que Gondry n'ait pour moi pas réussi à nous accrocher dans la première partie du film, il parvient par contre admirablement à rendre compte de la descente aux enfers des personnages et de l'univers. Prenons l'exemple de la souris : je ne sais pourquoi, mais Gondry a choisi de faire jouer la souris à un homme costumé. Dès le début du film, j'ai trouvé cette souris terriblement moche ; et une souris moche, c'est moche. Mais voilà, lorsque les choses commencent à s'assombrir, on voit cette souris moche qui saigne des pattes en essayant d'éclaircir les vitres de la maison... mais une souris moche qui saigne, ça c'est quelque chose ! Au final, le désespoir retranscrit à l'écran m'a particulièment ému et la fin du film, emplie d'images sombres et désespérées, a même réussi à me faire verser quelques larmes. (Et rien que pour cette raison, je suis prêt à pardonner les erreurs grossières du film.)

Conclusion ? Le film déçoit et il est facile de pointer les bâts qui blessent. Toutefois, si vous avez aimé le livre et que vous êtes curieux, je pense que vous trouverez intéressante la manière dont le livre a été adapté. Et si vous n'avez pas aimé le livre... eh bien dites-vous qu'il est toujours intéressant de regarder un film dont les imperfections sautent aux yeux, c'est très pédagogique. Et malgré tout ce que j'ai écrit, je vous rassure, l'expérience n'est pas si traumatisante que ça, croyez-moi j'y suis passé deux fois !

Pour le Cinéforum,

Franci


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