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Room, deux critiques en parallèles

Sans se consulter, deux des membres du CinéForum ont critiqué Room. Chacun a approché cet exercice d'une manière différente. Ils se complètent mutuellement dans leurs propos.

Laura, minimaliste.

4 murs. 9m2. Aucun accès sur l’extérieur à l’exception d’une lucarne donnant sur le ciel. C’est là que vivent Joy et son fils de 5ans, Jack.

Né dans cette pièce étouffante – La Chambre - Jack grandit et s’y crée des repères. A l’extérieur pour Jack, il n’y a que l’espace. A l’intérieur il y a Madame Chaise, Monsieur Lavabo, Madame Lucarne, Madame Télé… C’est ce que lui a expliqué sa maman.

Mais maintenant Jack à 5 ans et il est temps de lui apprendre la vérité. Comment expliquer à cet enfant qui n’a jamais mis le nez dehors autrement que par télé interposée, que la mer, les feuilles, le vent et l’herbe existent vraiment ? Comment lui faire comprendre la différence entre la fiction et la réalité ?

Une première partie de film, en huis clos, poignante, qui relate non seulement la captivité et la soif de liberté mais aussi l’attachement maternel et les sacrifices qu’il implique.

Arrive ensuite une partie plus active et angoissante, Jack et Joy verront-ils un jour l’extérieur de La Chambre ? Et quand bien même ils le feraient, parviendraient-ils à s’adapter au vaste monde ? Quelles seraient les conséquences d’une vie vécue enfermés ? Comment réagirait Jack face à tant d’inconnu et de nouveauté loin du placard où il est calfeutré ?

Un film qui raconte une histoire dure, du point de vue innocent et plein de fraicheur d’un enfant de 5 ans. Des acteurs incroyables de justesse. Un film qui touche sans en faire trop… A voir.

 

Thib, analyste.

Adapté d’un roman d’Emma Donoughe, « Room » nous rappelle des faits divers glaçants ayant eu lieu en Autriche, mais également aux Etats-Unis. L’auteure s’est d’ailleurs inspirée des événements américains pour écrire son livre.

Le film prend place suite à l’enlèvement de Joy lorsqu’elle n’est qu’adolescente et nous décrit le quotidien de son enfermement. Comment se nourrir, préserver sa santé physique et mentale dans quelques mètres carrés ?

Comment dès lors motiver les spectateurs à endurer, avec Joy et son fils Jack, le calvaire de leur captivité ? Comment montrer, imaginer le quotidien de ces deux êtres soumis à leur bourreau ?

Bien que les événements racontés à l’écran soient souvent cruels et rudes, le film nous dépeint ses personnages dignement, en montrant leur force, leur volonté de vivre, même confinés dans un espace duquel ils ne savent pas s’ils pourront sortir un jour.

Brie Larson a amplement mérité son Oscar, en parvenant à nous montrer comment une jeune femme peut résister, s’adapter et construire un monde vivable pour son fils qu’elle tente à tout prix de protéger. Ce dernier est incarné par le très jeune – mais tout aussi talentueux – Jacob Tremblay.

Le film nous livre une vibrante leçon d’espoir et d’amour, qui parvient à émerger des faits les plus sombres. La réalisation est modeste dans son approche et refuse de traiter cette histoire comme un film à grand spectacle. Les multiples facettes et conséquences de l’enlèvement sont abordées sans détour ni misérabilisme.

Un film tel que « Room » est nécessaire au paysage cinématographique, car il nous montre qu’il n’est pas toujours nécessaire d’aller chercher très loin pour trouver l’inhumain et que les pires drames peuvent émerger dans des contextes familiers.


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